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LE NON HUMAIN VIVANT 

ou La Promenade des montagnes


Contruction, écriture et mise en scène Clémentine LORAIN

Création lumière et machinerie de Joséphine NOGUE


CALENDRIER


CRÉATION

-Du 06/07/24 au 19/07/24 : résidence de recherche au VTF Le domaine des Puys à Saint-Sauves-d’Auvergne, soutenue par Le Ministère de la Culture et l’Unat
-Du 01/05/25 au 13/05/25 : résidence de construction à Montenero Sabino (IT), soutenue par la commune

PROJET ET INTENTIONS


Le Non Humain vivant, ou la promenade des montagnes retrace les histoires de plusieurs activistes du mouvement NO TAV dans le Val de Suse, qui depuis le milieu des années 1990 luttent contre la construction d’un tunnel alpin de 57km qui relierait Saint-Jean-de-Maurienne et Susa. La première ZAD s’installe à Vénaux, dans la commune de Turin. Leur lutte passée et celle d’aujourd’hui nous rapportent comment s’articulent les combats politiques et écologiques actuels dans les Alpes, les transformant en terre de lutte et de revendications.

Au début des années 90', dans la région de Turin, naît l’idée d’un projet de construction d’un train à grande vitesse (TAV) qui relierait la France et l’Italie. La raison annoncée et maintenue publique jusqu’à aujourd’hui d’un tel projet ? Relier le Val de Suse (un Pétaouchnok, nous en reparlerons) au reste de l’Europe. Mais au vue de l’autoroute et de la ligne ferroviaire déjà existantes qui passent sous le tunnel de Fréjus, ainsi que le réseau de cars et d’autobus qui empruntent cette même voie, il semble un peu ardu de considérer avec égard l’argument avancé par les autorités publiques.
Surviennent immédiatement des arguments à l’encontre du projet, portés par les activistes NO TAV. Les premiers, d’ordre environnemental, intiment liés à la santé des habitants de la Vallée. D’une part, la présence d’amiante présente dans la roche et qui se répandrait dans la vallée au moment du forage du tunnel. D’autre, la nécessité pour mener à bien le projet du TAV, de détruire certains fleuves, privant de la sorte plusieurs villages d’accès en eau.
Les seconds, d’ordre politique et social. La vallée est désormais devenue un zone d’intérêt national et politique ; elle est militarisée, des contrôles sont effectués sur les terrains même des propriétaires qui voient leurs terres occupées par les “carabinieri”, les empêchant de rentrer chez eux. Inondée de caméras de surveillance, la vallée semble être devenue une zone à Surveiller et punir.

Enfin, on peut s’interroger sur la réelle “nécessité” des autorités publiques à réaliser ce projet à plusieurs millions d’euros, quand on constate qu’après 30 ans, il n’y qu’un simple tunnel “test” de 5km creusé. Où passe donc ces millions d’euros qui pourraient être injectés dans la Santé publique ou dans l’École ? Entre incursions de la mafia dans le projet du TAV pour laver l’argent et l’embauche de prestataires franco-italiens pour confisquer les propriétés aux habitant.es de la vallée, la réponse est inexistante et plus que trouble. Rappelons également qu’à l’inverse du projet de Notre-Dame-des-Landes, les décisions de celui du TAV sont systématiquement prises sans référendum.

« Probablement, que quelqu'un viendra me parler d'économie, mais moi, je parle de santé publique parce que si quelqu'un me dit qu'une nouvelle ligne ferroviaire contribuera au développement de la vallée, je n’y crois pas. J'ai une fille qui habite ici et je ne crois plus en l'Etat, je ne crois plus à rien, à ceux qui soit disant défendent le peuple, alors je me suis investi là-bas, je me suis engagé dans la lutte. »
Emilio, activiste du NO TAV

Les différents mouvements “NO” italiens (NO MUOS, NO TAP, NO TAV) fondent leurs actions sur la considération que la crise du mode de vie capitaliste est une réalité. Ils partent du constat que la crise du mode de production capitaliste qui domine et dirige la quasi-totalité de l'économie mondiale est une crise de la société civile, qui conduit de plus en plus à la guerre comme un moyen extrême de résoudre cette même crise. La guerre, cependant, n'est pas la seule conséquence : la nécessité d'extraire des profits des pays capitalistes a conduit, au cours des dernières décennies, à des dommages environnementaux continus, a entraîné une détérioration globale de la qualité de vie des êtres humains et contraint les populations directement concernées à émigrer pour échapper aux guerres et à la faim.

« Si la cause est unique, le développement des contradictions du capitalisme, la lutte doit également être unique. »
Guerra, Ambiante, Immigrazione, La Lotta è sola, Mouvement NO MUOS


Au travers de ces portraits d’activistes qui racontent les luttes qui ont lieu dans les montagneuses, le projet tente de retracer le tournant où la montagne, ou plutôt l'idée occidentale actuelle de la montagne, s'est trouvée immédiatement absorbée par son caractère social symbolique, abandonnant ainsi toute possibilité d'accès immédiat au monde des choses de la montagne. Ou, pour le dire autrement, je tente ici de retracer le point de bascule où la montagne est passée symboliquement d'un écosystème vivant et non humain, à une marchandise non humaine et non vivante, réceptacle paradoxale de l'épanouissement et du divertissement des hommes, de ses peurs, de son indifférence.

Dans une démarche de prospective, le projet tente d’imaginer ce que pourrait être une vallée alpine de demain, en abordant les nouveaux rituels qui se déploient dans les Alpes pour tirer parti des changements, la question des infrastructures et du technosolutionnsime.

La création s’appuie notamment sur les différents point de vue actuels de conservation de la nature dans l’Anthropocène : la position de la conservation dominante et la position des néoprotectionnistes, qui malgré leurs différences, sont en réalités des stratégies qui sont les deux faces de la même pièce - celle de la conservation capitaliste, qui fait reposer le poids de la conservation sur les classes dominées et rurales, vivant dans ou à proximité des zones de biodiversité. Comment la “conservation conviviale” (B. Büscher et R. Fletcher) permettrait d’assurer une conservation pérenne du vivant en responsabilisant cette fois-ci les classes dominantes et les grands propriétaires fonciers ?


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